Oumar Ball, carnetiste, peintre, sculpteur

peinture

croquis

sculpture

Sculpteur, peintre, carnettiste. A 27 ans Oumar Ball est un artiste reconnu. Toujours le sourire aux lèvres,  l'art est pour lui une forme d'expression personnelle. Les animaux et les personnages peuplent son œuvre.
Ci-après, ci le témoignage d'un ami Tunisien qui a assisté a l'ouverture de sa dernière exposition à l'Institut Français de Nouakchott au mois de mai 2012, en attendant sa prochaine exposition à zeinart.

L'autre monde

(exposition au Institute Français 15 mai au 14 juin 2012)

Il n'a pas cherché à styliser les animaux comme il a stylisé les humains aux longs cous. Il s’est limité à fixer les animaux dans « leur vie d'animaux » sans rien ajouter aux attitudes, gestes et postures qui se prêtent aux regards au quotidien. Il s’est interdit tout discours.
Les séries donnent par l’immédiateté et la spontanéité du rendu l'allure de reportages, d’instantanés de vie comme en photographie.
Décidément, l’œuvre d’art dépasse les intentions de son auteur (et c’est là peut être un des critères de son existence) ; et quoique Oumar Ball revendique tout au plus son amour pour les animaux et trouve l’origine de cet amour dans ses racines peules, il faudrait dire que cette question de poules, d’ânes, de chèvres et de chiens est plus profonde qu’il n’y parait. Malgré lui, Oumar Ball témoigne sur la vie des humains.
Les animaux sont décrits dans leurs postures et attitudes ; certaines postures sont frappantes tellement elles sont spécifiques à l’animal comme cette chèvre aux gros mamelons dessinée de derrière. Ce haut degré de spécificité entraîne le sentiment d’existence propre et particulière de ces êtres. Êtres qui SONT, et qui partagent l’être avec nous.
Cette forte impression est consolidée avec la description des gestes que font les animaux et qui sont les gestes de leur quotidien : manger, méditer comme le font souvent les ânes, copuler, se reposer, se nettoyer ... Des actes communs aux animaux et aux hommes et qui par leur répétition enracinent l’idée que les animaux ont une vie tant sociale qu’individuelle. On est trop près de la description des hommes et de la condition humaine.
Reste que ces animaux sont des urbains et pas des ruraux et partagent les rues de la ville avec nous, ils vivent dans la rue comme des enfants de la rue ou des clochards. Comme eux, ils dépensent du temps pour la recherche de nourriture et sont prisonniers de la nécessité contraignante, et comme eux, ils REGARDENT.
Ce regard parait comme le titre de l’exposition et l’objet du premier tableau qui vous reçoit à l’entrée. Cette chèvre-là parle avec son regard et dit la souffrance et l’exclusion. Cette chèvre-là est la métaphore de la condition humaine ...

Sami Ben Abderahmane, Tunis, juin 2012